Souffrir est quelque part comme avoir franchi la porte des enfers en ayant espéré la résurrection. La souffrance vient sans crier gare, nous assaillir et nous submerger, en nous laissant dans un état pantelant, abdiquant tout vouloir, même celui de ne plus souffrir, n’en n’ayant plus aucune conscience, puisque tout nous a fui, même la conscience de nous-même. Nous ne sommes que souffrants, c’est-à-dire insupportables à toute suggestion, toute autonomie, toute rébellion : le pourquoi de toute chose n’ayant plus l’essence d’être. Réfugié dans cette souffrance, emmuré : nous ne sommes que cela. Mentaliser la souffrance c’est faire de notre corps et de notre esprit, son lit. Toute la conscience de soi ayant été assujettie à cette seule imprécation, « je souffre », il va falloir reconstruire la possibilité d’être. Le travail hypnotique va permettre au sujet d’aller chercher en lui, au plus profond, les outils intacts avec lesquels il va pouvoir se reconstruire et retrouver son autonomie. En « état de veille paradoxale » (François ROUSTANG) le champs de souffrance va être repoussé à la périphérie, afin que le chant de l’être puisse retrouver sa voix et le sujet reprendre vie.

Être en souffrance, c’est probablement être en gestation de quelque chose d’inconnu, mais dont l’abord nous est rendu impossible par les fers du passé qui nous retiennent sur les rives délétères de notre identité souffrante. C’est cette expérience de (a) franchissement que nous allons aborder en désamorçant cette peur intimement liée à la souffrance.

C’est pourquoi, ce cap franchi, celui du retour à un soi non assujetti aux chaînes de la souffrance, marque l’emprise d’une immense libération mais paradoxalement peut être, parfois, assujetti à une perte de sens, une sorte d’abandon, comme si la souffrance avait pu être une compagne, un peu comme si un mur libéré de la vigne vierge qui l’enserrait depuis des décennies, soudain risquait l’écroulement par cette mise à nu !

C’est ce travail de reconstruction auquel le consultant va être invité! Et peut être qu’un jour, il regardera cette période d’extrême difficulté comme un sas qui lui aura permis de reconstruire une nouvelle perspective dans sa vie, un retour à soi parfaitement identifié.